Les F&A de sociétés fermées au Canada ont connu une autre année marquante en 2024, notamment en raison d’une surveillance réglementaire plus rigoureuse, d’un degré d’activité considérable dans certains secteurs et de la hausse des capitaux privés. Dans ce plus récent épisode de notre balado, Cheryl Satin et John-Paul (J.-P.) Bogden, associés chez Blakes, présentent les dernières tendances et ce qui attend les négociateurs.
- Survol de l’activité actuelle de F&A de sociétés fermées (00:44)
- Secteurs qui connaissent une augmentation de l’activité (01:48)
- Incidence du cadre réglementaire sur les F&A de sociétés fermées (03:12)
- Tendances notables relatives aux capitaux privés (04:05)
- Evolution of representation and warranty insurance (04:56)
- Prévision des opérations de F&A de sociétés fermées pour 20255 (06:02)
- Répercussions des élections américaines sur les F&A de sociétés fermées au Canada (07:04)
Retranscription
Nathan : Bonjour, je m’appelle Nathan Kanter, bienvenue à cet épisode du balado Volume d’affaires de Blakes. Aujourd’hui, nous explorerons le monde dynamique des fusions et acquisitions (« F&A ») de sociétés fermées; et nous nous pencherons sur les tendances clés de 2024 et les perspectives de 2025.
Nos invités sont Cheryl Satin et J.-P. Bodgen, associés de notre équipe F&A de sociétés fermées. Ils nous parleront des activités de F&A de sociétés fermées, de ce qui stimule les opérations, de la façon dont les événements géopolitiques comme les récentes élections américaines façonnent les F&A au Canada et de ce qui nous attend dans un marché de plus en plus mondialisé.
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Nathan : Cheryl, que pouvez-vous nous dire sur le rythme et le volume des activités de F&A au cours de la dernière année?
Cheryl : Un certain nombre d’opérations importantes ont été annoncées ou conclues en 2024, comme l’acquisition de HSBC Canada par RBC, la vente par Bell de sa participation dans MLSE à Rogers, l’acquisition de Stelco par Cleveland-Cliffs et plusieurs autres. Cependant, le volume d’opérations a été globalement inférieur à ce qu’il a été par le passé.
Dans l’ensemble, on constate que la prudence est de mise en raison de l’incertitude relative aux élections américaines, de la stabilité mondiale, du resserrement des marchés du crédit ou bien de l’incertitude générale sur le marché en ce qui concerne les taux d’intérêt et l’inflation. Dans bien des cas, les opérations progressent plus lentement pour les raisons que je viens de mentionner, mais aussi comparativement aux périodes ayant précédé et suivi la COVID-19. Les acheteurs sont plus prudents et plus minutieux dans leurs efforts de diligence et les négociations ont été plus longues et difficiles, surtout en ce qui concerne les évaluations et d’autres modalités clés relatives aux opérations.
Nathan : J.-P., y a-t-il des secteurs qui sont plus actifs que d’autres? Dans quels secteurs y a-t-il eu des opérations?
J.-P. : Oui, on a constaté un accroissement de l’activité dans certains secteurs au cours de la dernière année, notamment ceux des mines, de la technologie, de la consommation, des produits alimentaires et embouteillés et des services financiers.
Dans le secteur des mines, on a observé un certain nombre d’opérations importantes, notamment l’acquisition de Filo par Lundin et BHP, soit environ 4,5 milliards de dollars canadiens, ainsi que l’acquisition de Reunion Gold par G Mining.
Les secteurs des produits alimentaires et embouteillés et de la consommation ont connu des prix plus bas, mais ils ont aussi fait l’objet d’opérations plus intéressantes. Plus récemment, nous avons appris que Sunco Foods, une entreprise établie en Colombie-Britannique, avait été vendue à Fulcrum Capital Partners, et que les Aliments Maple Leaf avaient scindé leurs activités porcines en une nouvelle société cotée en bourse, ce qui n’arrive évidemment pas tous les ans.
Le secteur de la technologie a fait de nouveau l’objet d’opérations plus modestes, quoique d’un bon volume. Nuqleous, une société de logiciels financée par un commanditaire, a acquis SpringBoard, et Luminate a fait l’acquisition d’AbsenceSoft auprès de Norwest Venture Partners.
Pour terminer, le secteur des services financiers a été très actif, enregistrant d’importantes opérations. Cheryl a déjà mentionné l’opération RBC-HSBC, puis, bien sûr, on a appris que la Banque Nationale avait conclu une entente pour acquérir la Banque canadienne de l’Ouest.
Nathan : Cheryl, revenons à vous. Avez-vous remarqué des tendances dans le cadre réglementaire et quelle est leur incidence sur les F&A?
Cheryl : Les organismes de réglementation font preuve d’une plus grande vigilance dans l’ensemble, que ce soit au regard des investissements étrangers, de la concurrence, des lois antitrust, des organismes de réglementation prudentielle ou de divers organismes de réglementation liés à la conformité propres à des secteurs particuliers. Par conséquent, les périodes intermédiaires entre la signature et la clôture sont plus longues, le calendrier de clôture est retardé, il faut davantage d’experts juridiques qui connaissent bien les organismes de réglementation et entretiennent de bonnes relations avec eux, et les coûts d’exécution et d’intégration sont plus élevés. Selon les experts, la victoire de Donald Trump aux élections américaines sera favorable aux affaires et aux F&A, car il assouplira les contrôles réglementaires et la surveillance des opérations. Toutefois, on ne sait pas dans quelle mesure les organismes de réglementation au Canada feront de même à court terme.
Nathan : J.-P., de quelle façon les capitaux privés jouent-ils un rôle dans l’équation? Avez-vous observé des tendances notables?
J.-P. : Effectivement, on a découvert une tendance très intéressante : l’utilisation des capitaux privés par rapport à la dette bancaire traditionnelle. Auparavant, dans le cadre des acquisitions par emprunt, notamment à l’échelle nationale, on observait généralement qu’une banque traditionnelle fournissait le financement de l’acquisition. Depuis environ cinq ans, une tendance a émergé aux États-Unis, et on a constaté que le recours au financement privé par emprunt a pris une ampleur importante. Au Canada, on observe également des exemples de financement privé par emprunt propre à des secteurs particuliers, mais ce type de financement n’est pas aussi répandu qu’aux États-Unis. L’une des tendances à suivre est donc celle qui consiste à savoir si des fonds nationaux emboîteront le pas et si des fonds de rachat d’entreprise plus généralisés seront créés pour alimenter les activités de capital-investissement ici au Canada.
Nathan : Qu’en est-il de l’assurance des déclarations et des garanties? Comment le marché a-t-il évolué dans ce domaine?
J.-P. : Oui, bonne question. Je pratique depuis longtemps, et je me souviens de l’époque où l’assurance des déclarations et des garanties était un élément distinctif dans les offres. C’est loin d’être le cas aujourd’hui. On voit désormais comment ce type d’assurance est utilisé non seulement par les promoteurs privés, mais aussi dans les opérations entre des parties stratégiques. Une autre tendance marquante est la stabilisation et la maturation du secteur de l’assurance des déclarations et des garanties. Le nombre de fournisseurs et de courtiers est élevé, et l’on dispose maintenant de normes dans les opérations relatives à ce type d’assurance qu’on n’avait pas il y a cinq ans, ce qui nous permet de profiter de produits de meilleure qualité en tant que négociateurs. En outre, compte tenu de l’utilisation répandue de ce type d’assurance, les réclamations d’assurance ont augmenté; on a donc une meilleure idée des fournisseurs qui sont davantage axés sur le service et de ceux qui établissent une limite plus stricte en ce qui concerne les réclamations. Par conséquent, l’obtention de données sur toutes les réclamations au fil des ans s’est avérée très révélatrice et utile pour nos clients.
Nathan : C’est le moment de faire des prévisions pour 2025. Cheryl, commençons par vous. Qu’est-ce qui se profile à l’horizon pour les opérations de F&A de sociétés fermées?
Cheryl : On prévoit généralement que les prochains mois entraîneront une hausse importante du flux d’opérations. Il y a eu un grand nombre de demandes et d’offres refoulées, et il y a beaucoup de fonds à dépenser, en particulier dans le secteur du capital-investissement où il y a eu une quantité importante de réserves de liquidités qui n’a pas été dépensée et où les horizons temporels des investissements actuels du capital-investissement se sont allongés de telle sorte que le moment de la sortie approche. Selon de récentes études du marché, la tendance est également à la hausse. Par exemple, un sondage récent mené par KPMG a révélé que neuf chefs de la direction sur dix de grandes entreprises canadiennes envisagent de faire des acquisitions au cours des trois prochaines années pour stimuler la croissance, 41 % d’entre eux planifiant des opérations importantes qui auront une forte incidence sur leurs activités. Seulement 9 % des répondants ont indiqué qu’il était peu probable qu’ils fassent des acquisitions au cours des prochaines années.
Nathan : J.-P., je vous pose la dernière question. Selon vous, quelle sera l’incidence des récentes élections américaines sur les F&A de sociétés fermées au Canada?
J.-P. : Il est difficile de répondre à cette question, mais en général, un gouvernement américain favorable aux entreprises devrait, en théorie, être bon pour les activités canadiennes de F&A. Comme Cheryl l’a mentionné, on s’attend à un examen moins minutieux des grandes opérations sur le plan réglementaire et, en outre, la volonté annoncée par le gouvernement de réduire les impôts des entreprises devrait, en théorie, ouvrir la voie à davantage d’opérations.
En revanche, un gouvernement américain qui impose des droits de douane supplémentaires rendra plus difficile la réalisation d’opérations dans les secteurs concernés. Or, il convient de souligner que bon nombre de ces secteurs sont des composantes importantes de l’économie canadienne.
Le revers de la médaille est que le dollar canadien pourrait perdre de la valeur en raison de sa corrélation étroite avec les prix des ressources, ce qui signifie qu’en général, les entreprises canadiennes ciblées devraient être plus avantageuses que leurs homologues américaines.
Enfin, la majorité des personnes croient que les taux d’intérêt continueront de baisser sous le gouvernement américain nouvellement élu et que les taux canadiens devraient emboîter le pas. Ainsi, le financement des acquisitions devrait être plus abordable, et ajouté aux énormes réserves de liquidités que Cheryl a mentionnées et qui sont à la disposition des promoteurs, il devrait en découler un environnement propice à la conclusion d’opérations.
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Nathan : Cheryl et J.-P., merci de nous avoir fait part de vos réflexions aujourd’hui.
J’invite les auditeurs qui souhaitent en savoir davantage sur ce sujet et notre balado à visiter notre site Web blakes.com.
D’ici la prochaine fois, prenez soin de vous.
À propos du balado Volume d’affaires de Blakes
Notre balado Volume d’affaires (anciennement Continuité) se penche sur les répercussions que peut avoir l’évolution du cadre juridique canadien sur les entreprises, et ce, dans notre réalité « post-COVID-19 » et dans l’avenir. Des avocates et avocats de tous nos bureaux discutent des défis, des risques, des occasions, des développements juridiques et des politiques gouvernementales dont vous devriez avoir connaissance. Nous abordons par ailleurs divers sujets qui vous importent et qui sont liés à la responsabilité sociale, comme la diversité et l’inclusion.
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