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Fonds de capitaux privés : cinq tendances en matière de création de fonds et d’investissement

8 février 2024

En 2023, les fonds de capitaux privés en gestion commune ont continué de constituer un excellent moyen pour les investisseurs d’investir dans différentes catégories d’actifs tout en diversifiant leurs placements. L’an dernier, les promoteurs de fonds ont continué de réunir d’importantes sommes d’argent pour de futurs déploiements. On s’attend à une amélioration de la croissance au sein de ce secteur au cours des prochaines années, et ce, dans chacune des principales catégories d’actifs. Preqin estime que 24,5 T$ US seront investis d’ici 2028 dans le secteur des placements non traditionnels. Voici certains des plus importants développements qui se sont produits en 2023 du côté des fonds de capitaux privés.

  1. Défis liés à la mobilisation de capitaux. Même si les grands promoteurs bien établis parviennent encore à mobiliser des sommes importantes de capitaux privés, une tendance générale se dégageant de la conjoncture se dessine autrement : il est de plus en plus difficile de réunir de tels capitaux, notamment par rapport à 2020 et à 2021. Un consultant en capital-investissement de la société Bain & Company aurait d’ailleurs décrit le contexte actuel comme la période la plus difficile de tous les temps pour la mobilisation de capitaux. Cette déclaration doit évidemment être nuancée à la lumière de la croissance des fonds au cours des vingt dernières années, mais il n’en demeure pas moins que les conditions actuelles semblent maintenant favoriser davantage les investisseurs. Ceux-ci bénéficient donc d’un meilleur rapport de force pour influencer la réduction des frais, la divulgation d’information dans les documents des fonds et d’autres importantes modalités connexes. On remarque par ailleurs du côté des nouveaux venus dans le secteur, ainsi que des promoteurs émergents, qu’il est de plus en plus courant que les fonds n’aient qu’un seul placement; les promoteurs s’efforçant de démontrer qu’ils sont des investisseurs avertis et dignes de confiance capables de remplir leur rôle dans un environnement de grands fonds. Les promoteurs plus importants et mieux établis n’échappent pas aux nouveaux courants, une plus grande importance étant accordée à la transparence, que ce soit en lien avec l’exploitation des fonds ou avec la présentation de l’information les concernant, ainsi qu’au moment où les résultats escomptés sont atteints. Enfin, on remarque que certains investisseurs cherchent des occasions de « co-investir » dans les actifs d’un fonds en particulier, et que les promoteurs offrent de telles occasions de façon proactive, avant que les investisseurs ne s’engagent envers le fonds lui-même. Il s’agit d’un genre d’engagement « édulcoré » au titre d’un fond et une bonne façon d’apprendre à mieux connaître le promoteur de celui-ci
  2. Croissance des investissements sur le marché secondaire/volonté d’obtenir des liquidités. Parallèlement à ce contexte plus difficile pour la mobilisation de capitaux, les investissements semblent plutôt s’intensifier sur le marché secondaire. Une plus grande volonté des investisseurs d’obtenir des liquidités pourrait notamment expliquer cette hausse. Aussi, dans la mesure où le marché du capital-investissement a généré un meilleur rendement que les marchés publics au cours des dernières années, les investisseurs cherchent à rééquilibrer leurs portefeuilles en effectuant des placements sur le marché secondaire. Cette tendance est également attribuable au fait que les investisseurs reconnaissent davantage que le marché secondaire constitue un volet essentiel du marché global et au fait que l’utilisation du marché secondaire comme outil de gestion de portefeuille n’est plus taboue. Bien que la composante principale du marché secondaire demeure des fonds dont la durée de vie tire à sa fin et dont les actifs pourraient profiter d’un peu plus de temps afin que les occasions de sortie soient optimales, il semble que des actifs plus jeunes (entre trois et cinq ans) attirent davantage d’investissements sur le marché secondaire dirigés par des commandités. Ces actifs, qui se négocient au rabais, peuvent être attrayants pour les investisseurs. En 2022, les ventes sur le marché secondaire se sont chiffrées à 100 G$ US, et plus de 50 % d’entre elles visaient des actifs offerts pour la première fois à la vente. La majorité de ce volume d’opérations est attribuable aux investisseurs en quête de placements utiles pour la gestion de leur portefeuille.
  3. Importance accrue des facteurs ESG. Malgré certains vents contraires politiques aux États-Unis, les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (« ESG ») demeurent importants pour les investisseurs. Comme McKinsey l’a indiqué dans son étude menée conjointement avec Nielsen IQ, les consommateurs expriment une préférence pour des produits qui respectent certaines exigences en matière environnementale, sociale et de gouvernance, et les dépenses effectuées par ces derniers en témoignent. Bien que les investissements dans des fonds durables ou des fonds « verts » aient légèrement diminué en 2022 et en 2023, de nombreux investisseurs, y compris les grands investisseurs institutionnels, continuent d’accorder de l’importance aux facteurs ESG et veillent à ce que les promoteurs tiennent compte des lignes directrices en la matière au moment d’investir, notamment en privilégiant une meilleure communication de l’information liée aux facteurs ESG.

    Ces demandes de la part des investisseurs ont obligé les promoteurs à prendre des mesures. De plus en plus de commandités concluent des alliances sectorielles axées sur les facteurs ESG et adoptent des indicateurs de rendement clés fondés sur ces facteurs sur lesquels ils s’appuient pour assurer un suivi à cet égard dans leurs rapports annuels. L’évolution la plus significative dans le secteur du capital-investissement relativement aux facteurs ESG consiste en un changement conceptuel. Les investisseurs ne considèrent plus les facteurs ESG uniquement comme un outil de gestion des risques, mais comme un véritable outil de création de valeur, lequel peut accroître l’évaluation.

    De nombreux territoires, dont le Canada, ont publié des lignes directrices relatives aux obligations réglementaires des fonds d’investissement sur le plan de la divulgation d’information, particulièrement lorsque ces fonds ont adopté des objectifs de placement qui tiennent compte des facteurs ESG.
  4. Fonds de continuation. Divers facteurs récents, dont la pandémie, la volatilité des marchés et les tensions géopolitiques, ont contribué à l’intensification de l’activité sur le marché secondaire. Ce contexte difficile pour les opérations de sortie de fonds a incité les gestionnaires à chercher activement d’autres stratégies. Les fonds de continuation, qui étaient perçus par le passé comme le dernier recours pour gérer des éléments d’actif dont le rendement était insatisfaisant dans des fonds par ailleurs prospères, sont devenus un outil de gestion de portefeuille de plus en plus courant. Ils permettent aux gestionnaires de conserver leurs actifs à rendement élevé en attendant des occasions de sortie optimales, de réduire la pression les obligeant à se départir d’un actif stable que certains commandités préféreraient conserver à plus long terme et d’offrir une voie de sortie aux investisseurs en quête de liquidités. Les fonds de continuation ont représenté 50 % du volume des opérations sur le marché secondaire, la valeur de ces opérations ayant atteint 132 G$ US en 2021. Environ 10 % des liquidités obtenues par les investisseurs en 2022 provenaient de fonds de continuation. On s’attend à ce que le recours à de tels instruments augmente dans l’avenir. En réponse aux préoccupations accrues des investisseurs en lien avec la hausse du recours aux fonds de continuation, l’Institutional Limited Partner Association (l’« ILPA ») a mis à jour ses lignes directrices sur les restructurations de fonds dirigées par des promoteurs. Dans le cadre de cette mise à jour, l’ILPA a notamment formulé des recommandations visant une bonification de l’information divulguée par les promoteurs, l’établissement de délais minimaux laissant le temps aux investisseurs existants de décider de participer ou non à un nouveau fonds et des modifications à apporter aux structures d’opérations afin de régler la question des conflits d’intérêts qui surviennent immanquablement lorsque les promoteurs ont un intérêt tant du côté acheteur que du côté vendeur dans le cadre d’une opération. Les investisseurs surveillent tout particulièrement la façon dont la participation des promoteurs se concrétisera.
  5. Utilisation de sociétés en commandite canadiennes. Dans différents territoires du Canada, des promoteurs ont signalé leur intérêt à utiliser des sociétés en commandite régies par les lois de l’Ontario ou d’une autre province canadienne comme instrument pour un fonds. Sauf dans des circonstances limitées, une société en commandite peut constituer un instrument de placement intermédiaire aux fins de l’impôt sur le revenu canadien, et le Canada est un territoire stable généralement considéré comme neutre. Toutefois, il est à noter que si un fonds a l’intention d’investir dans des biens ayant un lien avec le Canada, les sociétés en commandite canadiennes pourraient ne pas être le choix idéal pour servir d’instrument pour le fonds. Il est recommandé de solliciter des conseils fiscaux dans ces situations particulières.

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