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Assurer l’approvisionnement alimentaire dans le contexte d’une pandémie : les répercussions de la COVID-19 sur l’industrie alimentaire

7 avril 2020

Nous reconnaissons que les entreprises exerçant des activités dans le secteur de l’agroalimentaire et des produits alimentaires et embouteillés sont confrontées à d’importants défis et à des perturbations considérables en raison de la pandémie de COVID-19 qui sévit à l’échelle mondiale. Les répercussions en évolution continue de cette pandémie ne sont pas faciles à maîtriser, et il est tout aussi difficile d’y faire face. Chose certaine, ce secteur a su démontrer qu’il est prêt à relever les défis, qu’il a la capacité de le faire, et qu’il est en mesure d’assurer l’approvisionnement alimentaire de la population.
 
Dans ce premier bulletin, nous traitons de six facteurs clés qui, dans le cadre de la crise actuelle, ont une incidence sur les entreprises du secteur de l’agroalimentaire et des produits alimentaires et embouteillés. Nous envisageons également de publier des mises à jour périodiques qui feront état de l’évolution de la situation.

MODIFICATIONS À LA DEMANDE DES CONSOMMATEURS

De façon soudaine et significative, la COVID-19 a modifié les habitudes alimentaires des Canadiens. Les entreprises du secteur de l’agroalimentaire et des produits alimentaires et embouteillés jouent un rôle essentiel en veillant au maintien de sources d’approvisionnement alimentaire fiables pour les Canadiens. Tous les niveaux de ce secteur collaborent et déploient des efforts considérables pour satisfaire aux besoins accrus des clients.

Le commerce de détail alimentaire et les épiceries ont connu une augmentation importante de la demande, les consommateurs se tournant vers la consommation de repas à domicile pour répondre aux exigences de distanciation sociale. La constitution de réserves alimentaires a connu un essor tant au Canada qu’à l’étranger. En effet, la demande pour les produits emballés et les aliments prêts à servir s’est accrue considérablement. Bien que la constitution de réserves soit probablement un phénomène temporaire, les Canadiens passent tout de même plus de temps à cuisiner des repas et à préparer des plats réconfortants. Ces tendances pourraient avoir des répercussions sur la demande à long terme pour certains produits alimentaires.

En réponse à ces changements, certains producteurs du secteur de l’agroalimentaire et des produits alimentaires et embouteillés focalisent leurs efforts sur l’efficacité de leur production en limitant la variété des produits et en repoussant leurs projets promotionnels. Bon nombre d’entreprises du secteur tentent de rediriger des produits alimentaires qui étaient destinés initialement à la restauration vers la vente au détail. Or, une telle réorientation n’est pas toujours possible compte tenu des exigences en matière d’emballage pour les produits destinés au détail et de la courte durée de vie des denrées périssables. À cet égard, il y aurait lieu alors d’envisager des dons à des œuvres de bienfaisance comme solutions de rechange. Les pertes de bénéfices qui en résultent pourraient ouvrir la voie à des occasions éventuelles de fusions et d’acquisitions.

Au Canada, les services de livraison d’épicerie ont connu non seulement une augmentation substantielle du volume de leurs activités, mais aussi une hausse importante de la taille moyenne des commandes depuis le début de la pandémie. De plus en plus de restaurants se tournent également vers des options de livraison et de plats à emporter, tandis que les services de livraison existants facilitent l’accès à leurs services en proposant des prix réduits. Les consommateurs deviennent de plus en plus à l’aise avec l’achat de produits alimentaires par l’intermédiaire des services de livraison. Les entreprises du secteur de l’agroalimentaire et des produits alimentaires et embouteillés devraient s’attendre à ce que ces comportements aient des effets durables à long terme sur les habitudes de consommation, et ce, bien au-delà de la fin de la pandémie.

RÉPONSE GOUVERNEMENTALE AUX DÉFIS DE LA COVID‑19

À ce jour, seulement quelques programmes de soutien gouvernemental ciblent spécifiquement le secteur alimentaire. Le gouvernement fédéral soutient Financement agricole Canada, un important prêteur agricole canadien, au moyen d’une capacité de prêt supplémentaire de 5 G$ CA destinée aux producteurs, aux entreprises agroalimentaires et aux entreprises de transformation alimentaire. Ce soutien financier a pour but d’aider les agriculteurs et les entreprises de transformation alimentaire qui sont aux prises avec des difficultés financières. Le gouvernement fédéral accorde également aux agriculteurs admissibles un délai supplémentaire de six mois pour le remboursement des prêts qui leur ont été consentis dans le cadre du Programme de paiements anticipés et qui sont dus le 30 avril 2020 ou avant cette date.

Certaines provinces mettent en œuvre des plans de relance économique et d’autres mesures dont pourraient bénéficier les entreprises du secteur de l’agroalimentaire et des produits alimentaires et embouteillés qui sont touchées par la COVID-19. De plus, le programme fédéral de subvention salariale prévoit, pour les entreprises admissibles, une subvention pouvant atteindre 75 % des salaires des employés pour une période maximale de trois mois si ces entreprises ont connu une baisse d’au moins 30 % de leurs revenus en raison de la COVID-19.

PÉNURIES DE MAIN D’ŒUVRE

Bien que l’industrie alimentaire canadienne n’ait pas encore été confrontée à une pénurie importante de main-d’œuvre liée à la COVID-19, les entreprises de production et de transformation des aliments craignent de ne pouvoir maintenir leur capacité de production si des employés deviennent infectés par la COVID-19 ou doivent s’isoler en raison de leur exposition à d’autres employés. Le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux soutiennent de diverses manières les employés qui doivent s’isoler, se mettre en quarantaine ou s’abstenir de travailler en raison de la COVID-19, notamment en assouplissant les conditions d’accès aux prestations gouvernementales, en mettant en place des congés avec protection d’emploi et en fournissant aux employés un soutien financier.

Les pénuries de main-d’œuvre peuvent également menacer le transport des produits alimentaires. Le Canada connaît déjà une pénurie de camionneurs, et des absences supplémentaires liées à la COVID-19 pourraient avoir des répercussions sur la capacité de transport des marchandises. Aux États-Unis, les limites quant au nombre d’heures durant lesquelles les chauffeurs de camion transportant des fournitures d’urgence (y compris des denrées alimentaires) peuvent conduire ont déjà été assouplies pour atténuer ce risque.

Les restrictions liées à la COVID-19 qui limitent la possibilité pour les particuliers de voyager vers des destinations à l’étranger et d’y travailler menacent la production agricole à l’échelle mondiale. Plusieurs pays dépendent d’un grand nombre de travailleurs étrangers saisonniers pour leurs activités agricoles. L’absence de ces travailleurs pourrait avoir une incidence directe ou indirecte sur le volume des cultures, à savoir une baisse des activités en réponse à la crainte d’une pénurie de main-d’œuvre insuffisante pour la récolte. Le recours à des travailleurs canadiens ou la diminution de la production pourrait entraîner une augmentation des prix. Le Canada a mis en place un système permettant aux travailleurs étrangers temporaires d’entrer au pays à condition qu’ils subissent une évaluation de santé et qu’ils s’isolent pendant 14 jours à leur arrivée au Canada. Nous continuerons de surveiller attentivement la réponse gouvernementale aux pénuries de main-d’œuvre possibles dans le secteur alimentaire.

VULNÉRABILITÉS DES CHAÎNES D’APPROVISIONNEMENT

Outre les pénuries de main-d’œuvre, la COVID-19 pourrait avoir une incidence sur d’autres éléments qui jouent un rôle clé dans l’approvisionnement alimentaire des consommateurs. Les épiciers et les représentants gouvernementaux à l’échelle du pays soutiennent que l’approvisionnement alimentaire au Canada n’est pas confronté à une pénurie. Cependant, pour ceux qui travaillent dans l’industrie alimentaire, certains risques liés aux chaînes d’approvisionnement doivent être anticipés et requièrent une certaine préparation étant donné l’incertitude quant à l’évolution de la pandémie et, par conséquent, la mesure dans laquelle les restrictions seront renforcées.

En Chine, où les restrictions liées à COVID-19 étaient particulièrement importantes, les pratiques agricoles ont été confrontées à des défis particuliers. Comme la province chinoise du Hubei, soit l’épicentre de la pandémie de COVID-19, est le plus grand producteur d’engrais au pays, la baisse de la production a engendré des pénuries de main-d’œuvre, d’engrais et de semences, lesquelles ont entraîné à leur tour la modification des pratiques agricoles : les cultures à haute valeur ont été délaissées en faveur de la culture du riz. La Chine a déployé des efforts pour encourager la poursuite des cultures selon les délais prévus, comme la réduction des temps d’attente aux points de contrôle et aux postes de péage pour les véhicules transportant des produits agricoles. À l’échelle mondiale, la baisse de la production de fruits et de légumes et les pertes alimentaires liées aux problèmes de transport suscitent des inquiétudes. L’industrie canadienne de l’agriculture et des engrais semble toujours bien placée pour fournir les éléments nécessaires à la prochaine période des semis, mais l’augmentation des mesures restrictives ayant une incidence sur le transport pourrait poser problème.

La pandémie de COVID-19 jette la lumière sur les vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement ayant une forte dépendance à la main d’œuvre et au commerce international. La résilience des chaînes d’approvisionnement mondiales pourrait être mise à l’épreuve si les pays se concentrent davantage sur leurs approvisionnements alimentaires internes et limitent leurs exportations. De tels problèmes pourraient faire en sorte que les entreprises du secteur de l’agroalimentaire et des produits alimentaires et embouteillés privilégieraient la résilience plutôt que la rentabilité en s’appuyant davantage sur les fournisseurs nationaux et en investissant auprès de chaînes d’approvisionnement axées sur la technologie.

COMMERCE INTERNATIONAL

Jusqu’à présent, un nombre limité de pays ont mis en œuvre des politiques interdisant l’exportation de certains produits alimentaires en raison de préoccupations liées à la COVID-19. Le Kazakhstan a temporairement interdit l’exportation de farine de blé, tandis que le Vietnam a temporairement interdit l’exportation de riz. Ces pays sont d’importants fournisseurs mondiaux du produit dont ils ont interdit l’exportation. La Russie prévoit également de limiter les exportations céréalières jusqu’en juin 2020.

Bien que l’offre mondiale des céréales et des oléagineux demeure élevée, nous constatons toutefois une hausse du prix des céréales de base à l’échelle internationale. Cette hausse peut être attribuée à des facteurs tels que les retards d’adaptation à l’évolution de la demande, les pénuries de main-d’œuvre qui touchent la production et le transport, le stockage par les pays importateurs, les restrictions à l’exportation et les contraintes de transport.

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

À l’heure actuelle, rien ne suggère que la COVID-19 est transmissible par les aliments. Nous continuons de suivre attentivement les développements relatifs à la COVID-19 et les répercussions de cette dernière sur la sécurité alimentaire. À la lumière de la situation, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (l’« ACIA ») accorde la priorité aux activités essentielles et suspend temporairement les activités à faible risque. Afin de répondre à la pénurie de main-d’œuvre et à l’augmentation de la demande, l’ACIA a rappelé des inspecteurs récemment retraités à leur poste. L’ACIA a également publié des renseignements sur les préoccupations liées à la COVID-19 qui ont été soulevées par l’industrie alimentaire.

Au-delà de la production et de la transformation des aliments, les entreprises du commerce de détail doivent également prendre des mesures pour réduire la transmission de la COVID-19. Selon des directives récentes du gouvernement de la Colombie-Britannique, bien que les magasins d’alimentation au détail et les épiceries ne soient pas assujettis aux interdictions en vigueur relativement aux grands rassemblements, une distance physique appropriée entre chaque personne doit toutefois être maintenue dans ces endroits. Ces directives comportent des recommandations sur les protocoles de nettoyage et d’hygiène, l’utilisation de sacs non réutilisables, la vente des produits en vrac, ainsi que l’utilisation de marqueurs et d’autres moyens pour maintenir la distance entre les personnes et contrôler les foules.

POINTS À RETENIR

La manière dont les organisations restructurent leurs opérations, s’attaquent aux vulnérabilités de leurs chaînes d’approvisionnement et innovent pour relever les défis posés par cette crise aidera à définir la trajectoire et le succès du secteur de l’agroalimentaire et des produits alimentaires et embouteillés une fois la pandémie terminée. D’ici là, restez en sécurité.

Pour en savoir davantage, communiquez avec un membre de notre groupe Agroalimentaire et produits alimentaires et embouteillés.

Consultez notre Centre de ressources sur la COVID-19 pour en savoir davantage sur les répercussions de la COVID-19 sur votre entreprise.

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